Handicap et technologie : un duo inattendu

Conférence animée par Lucie CAUBEL - Fondatrice de LC Conseil Handicap & Innovation - Co-fondatrice du salon Handi2day - Intervenante au CELSA (Paris IV Sorbonne) - Membre du Comité de Soutien et du CA de l'association Clubhouse France.

Cette conférence s'adresse aux Décideurs économiques Public/Privé, Professionnels de la fonction RH, Responsables Mission Handicap, Correspondants handicap des entreprises.

Travailler sur écran lorsque l’on est aveugle, conduire sans avoir de bras, suivre des conversations de groupe en étant malentendant, participer à des salons de recrutement sans pouvoir se déplacer… Nous ne sommes pas dans un nouvel épisode de « Retour vers le futur » dédié au handicap, mais bien en 2015, dans la « vraie vie ». 

Si la loi de 2005 a considérablement changé le regard des entreprises sur le handicap, de nombreuses idées reçues demeurent. La société entière doit apprendre à voir le handicap sous l’angle de l’univers des possibles, plutôt que sous celui de la contrainte. L’innovation technologique est l’une des clés de ce changement de perspective. Elle a déjà permis à des personnes handicapées de travailler «  comme les autres »… à condition de voir les choses sous un autre angle, de ne pas accepter la fatalité et de ne rien s’interdire.

Mais soyons concrets. De plus en plus souvent, le braille et la Langue des Signes laissent leur place à des solutions pour beaucoup inimaginables, qui permettent à des personnes handicapées de devenir bien plus autonomes et d’accéder à l’emploi, dans tout type d’entreprises.

Aujourd’hui déjà :

- Une personne aveugle ou malvoyante peut surfer sur le web et travailler sur écran grâce à un logiciel de synthèse vocale… surtout si le site respecte les normes d’accessibilité.

- Une personne sourde ou malentendante peut travailler au téléphone grâce à une plate-forme de visio-interprétation en Langue des Signes via webcam. Elle peut aussi suivre une réunion grâce à une application qui retranscrit sur l’écran de son Smartphone les échanges des participants.

- Une personne sans bras peut se déplacer chez ses clients en conduisant une voiture aménagée.

- Des personnes qui ne peuvent se déplacer, ont des difficultés d’élocution ou une grande fatigabilité peuvent trouver un emploi en participant à un salon de recrutement en ligne sans se déplacer, en passant leur entretien par téléphone ou par tchat.

- …

Ces solutions sont déjà adoptées au sein de nombreuses entreprises. Chacune d’entre elle repose sur une solution technologique, le refus de la fatalité et une vision positive du handicap, encore trop peu présente dans la société française. En apprenant à voir le handicap sous l’angle du potentiel de la personne handicapée, plutôt que celui de la contrainte, nous construirons une société inclusive où chacun pourra trouver sa place… et travailler (presque) comme tout le monde.

Demain, la voiture autonome  permettra à une personne aveugle ou paralysée de se rendre au travail seule, ou où elle veut. Les cannes blanches seront équipées d’un détecteur d’obstacles et d’un GPS. L’impression 3D permettra de créer des prothèses de plus en plus sophistiquées.

Le mariage de la technologie et du handicap ne date pas d’hier… et profite à tous. Connaîtrions-nous la télécommande si son inventeur n’avait pas cherché à permettre à son frère paralysé de changer de chaîne de télé tout seul ? Nos ados utiliseraient-ils le SMS si un ingénieur n’avait pas cherché à permettre à des personnes sourdes d’utiliser un téléphone portable ?

Chaque jour, de nouvelles solutions émergent. Toutes reposent sur le refus de la fatalité et permettre à des personnes handicapées d’accéder plus facilement à l’emploi… Mais il reste encore à faire évoluer les mentalités. L’enjeu est passionnant.